La charge mentale (2) La pression temporelle, définir celle qui vous convient car à force d’accélérer, la machine pourrait bel et bien se casser.

La pression temporelle, ce sentiment de ne pas avoir assez de temps pour faire ce que l’on doit, est un facteur clé de la charge mentale et il semble en constante augmentation.

La pression temporelle est une caractéristique des sociétés modernes.

Malgré l’accélération de très nombreux processus et techniques (transports, contacts etc.) on ne semble pourtant pas avoir gagné du temps. On a même la certitude grandissante d’en manquer ! Nous voulons faire plus de choses (être performant au travail, avoir des loisirs, une vie de famille heureuse, nous occuper de nous…), nous voulons tout, tout de suite (l’attente est devenue insupportable) et nous considérons comme un must d’être capables de faire plusieurs choses à la fois.

Au travail, l’augmentation des exigences sur la quantité de travail n’est pas non plus compensée par la mise à disposition des outils technologiques censés nous faciliter la tâche. Bien au contraire, non seulement le temps manque mais il semble de plus en plus fragmenté et il nous faut déployer de plus en plus d’énergie pour « être à jour ». Au total tout se passe comme si le présent rétrécissait (ce qui est valable maintenant, va l’être de moins en moins longtemps) et l’incertitude ne cessait d’augmenter (tout peut arriver à tout moment).

Cette pression temporelle en augmentation représente un risque réel.

En effet, le fonctionnement multitâche est la plupart du temps un piège, voire une illusion. La démonstration de son inefficacité n’est plus à faire. Dans certains cas il peut même participer à l’augmentation de la pression.

La combinaison de l’incertitude et de la pression temporelle affecte elle aussi fortement notre performance et notre lucidité. Naturellement, s’il faut faire la même chose, mais plus vite, on s’épuise. Et s’il faut aller plus vite, alors on fera forcément moins bien et on prendra davantage de risques…

On entre alors dans une spirale infernale : la moindre performance engendre sensation de perte de contrôle, démotivation, procrastination et frustration, puis, rapidement, leurs effets négatifs potentiels sur la santé : anxiété, déprime, burnout et dépression.

Cessons d’ajouter de la pression à la pression!

La presse, comme la recherche, ne cessent d’évaluer et de proposer des solutions afin d’alléger la pression temporelle : faire des pauses, respirer, méditer, couper téléphone et internet, définir des priorités, faire des listes etc.

Bien souvent, ça marche un temps… ou pas. C’est en observant ce qui se passait pour Alice dès le début de nos séances de travail que je me suis rendue compte que toutes ces solutions revenaient souvent à faire plus… de la même chose !

Alice se plaint d’être surchargée, elle est constamment stressée et sous pression du fait d’un travail très exigeant avec des ressources très contraintes et peu de soutien social. Elle souffre de lombalgies et de troubles du sommeil. Nous décidons donc qu’elle doit se relaxer et, selon la formule consacrée, prendre du temps pour elle. Je l’initie à la cohérence cardiaque, elle s’inscrit à un cours de yoga et prend rendez-vous avec son ostéopathe et je suggère « un quart d’heure de rien » par jour. Un mois plus tard Alice est épuisée. On avait rajouté des tâches à sa liste et elle n’y arrivait pas ! La seule façon de la soulager c’était d’en enlever au contraire. Finalement le travail d’accompagnement a consisté, une fois encore, à trouver un meilleur équilibre entre ses ressources et ses enjeux, dans le respect de ses valeurs et de ses objectifs, et dans son contexte.

Le sentiment de pression temporelle est très personnel. Il dépend de très nombreux facteurs parmi lesquels l’environnement est très important mais aussi la personnalité.

Pour faire baisser la pression temporelle il est nécessaire de

–      Le vouloir : pour certains types de personnalités, c’est un carburant et il convient alors plutôt d’en surveiller le niveau

–      Se concentrer sur les activités sur lesquelles on a le plus de marge de manœuvre

–      Accepter une certaine dose d’imperfection ou d’incertitude, en prenant en compte nos préférences de fonctionnement

–      Solliciter toutes les ressources à disposition, les siennes et celles de l’environnement.