Une magnifique exposition consacrée à Jean Dubuffet se tient jusqu’au 2 septembre au MUCEM à Marseille.
C’est l’occasion de redécouvrir ce grand artiste. Mais c’est également l’opportunité de prendre un nouveau recul sur nos pensées, notre manière de regarder et de nous ouvrir à du nouveau.
Quand «quelque chose ne va pas», quand nous traversons des situations pénibles, ou quand nous tombons dans nos travers habituels et que nous souhaitons en sortir, comment s’y prendre pour enclencher un changement satisfaisant?
Par son œuvre, Dubuffet nous donne une piste. Mettant systématiquement en question le point de vue adopté et la perspective, il nous invite à ne jamais nous laisser enfermer dans une seule et même manière de voir ou d’agir. Il multiplie les angles de vue au sein d’un même tableau, mêle la forme et le fond, le haut et le bas. Il saisit toute occasion pour démontrer le caractère construit de tout point de vue, et donc son évolution possible.
Ainsi, en prenant conscience de notre façon d’aborder les événements et la vie en général, nous nous mettons en position de réviser ce que nous avions pris pour la réalité… et comme Dubuffet aime à la dire, «la réalité sera celle qu’il te plaira d’édifier».
«C’est d’être mécontent des inventions des autres qui porte à se constituer soi-même inventeur» poursuit-il dans Asphyxiante culture en 1968.
A l’heure où nous sommes constamment invité∙e∙s à nous « réinventer », l’art nous offre un détour méditatif et fécond pour enrichir notre vision du monde et de nous-même.
Tentons l’aventure de regarder de biais ou à l’envers, bousculons notre esprit avec courage. Renonçons à imiter et ne nous laissons pas réinventer par des injonctions extérieures. Le risque d’une nouvelle perspective est aussi celui de la découverte d’une voie vers le changement souhaité.